Dépression Automnale
par Alexandra Philibert, Chroniqueuse, AllHabs.net
MONTRÉAL, QC – 16 septembre 2012 – Gary Bettman décrète un lock-out suite à des négociations infructueuses entre la LNH et l’AJLNH qui n’ont pas mené à une nouvelle convention collective. La présente convention échue, sans aucune autre pour la remplacer, devant des joueurs qui refusent de jouer dans ces conditions, Bettman dit qu’il n’a eu d’autre choix que d’utiliser ce moyen.
Pourtant, un mois auparavant il y allait déjà de cette menace sans évoquer d’autres solutions. Au mécontentement des joueurs, imputant la perte du système présent à eux. N’est-ce pas le système que les propriétaires désiraient en 2004-2005? Ne sont-ils pas capables de reconnaître leurs fautes?
On ne peut tout imputer aux propriétaires et à Bettman, il ne faut pas enlever le blâme qui revient aux joueurs et à leurs agents, sauf qu’il est faux de dire que le commisssaire et ses amis ne sont pas à plaindre non plus. Le 23 août dernier, Gary disait ceci : « Nous estimons que nous payons plus que ce que nous devrions. Les joueurs gagnent trop d’argent. C’est aussi simple que ça. » (Source RDS)
Cette déclaration était une indication pour ce lock-out, c’était la première déclaration d’une longue série, d’une saison pénible et surtout inexistante.
Déception, il n’y aura pas de hockey cette saison, ils disent que le conflit devrait être réglé d’ici octobre, je n’y crois pas, tout autant que je ne croyais pas au règlement du conflit étudiant deux semaines seulement après le déclenchement de la grève.
11 octobre 2012 – Je passe une demi-heure à pleurer devant RDS qui présente une émission très éloignée du premier match du Canadien de Montréal, qui aurait dû être diffusé ce soir. Lock-out oblige, je noie donc ma peine à la recherche d’une comédie romantique sur les ondes d’une quelconque chaine. Les yeux rougis, par le préambule de ce fantôme de saison de hockey.
Je me lève le lendemain matin, comme si j’avais bu à n’en plus finir ou si j’avais mis fin à une relation de longue date. La tête sens dessus-dessous, le cœur serré, les yeux bouffis, le corps en peine.
1er décembre 2012 – Le conflit n’est toujours pas réglé, rien ne laisse présager qu’il y aura une saison cette année, on dit que la date du 1er janvier est réaliste, qu’une saison peut débuter à cette date. J’essaie d’oublier cette disparition de mon quotidien, cherchant des activités, de nouveaux passe-temps, une nouvelle passion. L’écriture ne suffit plus, les sujets se font de plus en plus rares en lien avec le Canadien ou la LNH, même les études n’occupent plus assez mon temps. Je tombe dans un état végétatif à chaque fois que sonne l’heure d’un match ayant été prévu à l’horaire remplacé par une émission X, hors de mon champ d’intérêt.
25 décembre 2012 – Une panoplie de cadeaux emballés avec soin orne le dessous du sapin. C’est à mon tour, je déballe un après l’autre mes cadeaux, et lorsque je déballe ceux à l’effigie du Canadien, je pleure à nouveau à la vue de cet objet qui me rappelle ma peine, cette rupture qui s’installe de plus en plus, cette fatalité qui émerge dans mon esprit. Je retombe alors dans un état de dépression intense, ne m’accordant aucun moment de répit, sans hockey, je n’existe pas.
23 février 2013 – Toujours pas de saison, toujours en lock-out. La saison est annulée, il n’y a plus rien à faire, le visionnement d’un prochain match de hockey de la LNH en direct ne sera pas avant octobre prochain. Ni plus ni moins.
30 Mars 2013 – Peu à peu le soleil me réchauffe. Mon âme s’ouvre, je souris, je profite de la vie, le spectre cette rupture disparaît. Je m’amuse. La dépression n’a plus lieu d’être, l’université tire à sa fin, le soleil remplit les journées.
14 juin 2013 — Je repense à cette année, à combien le hockey me manquait déjà à cette date l’an passé, à la minute où la Coupe Stanley a été gagné et à combien il me manque doublement maintenant, encore trois mois et demi à m’ennuyer de cet amour-haine envers le sport que j’aime tant, le hockey.
1er septembre 2013 – Gary Bettman annonce un nouveau lock-out, insatisfait de la présente convention, qui vient tout juste d’être signée, et me replonge dans le cauchemar.
…
Je lève ma tête, le cahier sur lequel je m’étais endormie « étampé » dans le visage. Je respire rapidement, regardant partout, regardant bien la date sur mon ordinateur: 23 août 2012. Je soupire, je souris, tout n’est pas perdu, les deux clans peuvent toujours s’entendre d’ici le 16 septembre. Tout ceci n’était qu’un cauchemar, toujours possible de se réaliser, mais il nous reste encore un peu d’espoir.