Jason Collins a amorcé la discussion : Qui la continuera dans la LNH ?
par Alexandra Philibert, Chroniqueuse, Le Magazine All Habs
« I’m a 34-year-old NBA center. I’m black. And I’m gay. I didn’t set out to be the first openly gay athlete playing in a major American team sport. But since I am, I’m happy to start the conversation. I wish I wasn’t the kid in the classroom raising his hand and saying, « I’m different. » If I had my way, someone else would have already done this. Nobody has, which is why I’m raising my hand. » — Jason Collins (Sports Illustrated)
MONTRÉAL, QC — «Je suis un centre dans la NBA de 34 ans. Je suis noir et je suis gai. » C’est de cette façon que Jason Collins a débuté sa lettre dans le Sports Illustrated et qu’il est devenu le premier joueur dans un sport majeur aux Etats-Unis à révéler son homosexualité, le 29 avril.
Ce n’est ni dans la NFL, (que l’on avançait dernièrement) ni dans la LNH ou la MLB que cette annonce est survenue. C’est dans la NBA. Est-ce que cela change quelque chose? Non. Peu importe la ligue sportive, importante ou non, l’histoire n’est pas de savoir qui en a fait l’annonce en premier, mais bien de se dire que cet homme vit un peu mieux avec lui-même aujourd’hui.
Pourquoi aujourd’hui? À 34 ans? De son propre aveu, Jason Collins a pris 33 ans à faire la paix avec « sa différence », son orientation sexuelle. Savez-vous pourquoi cela lui a pris aussi longtemps à s’accepter? À cause de la société. À cause de nous. Oui, de nous. À cause de la pensée archaïque qui est prônée dans le monde sportif, peu importe le niveau et le sport.
Du côté de la LNH
On dit souvent à l’approche des séries qu’il s’agit du moment où les hommes sont différenciés des enfants. On dit aussi que les « vrais » hommes se présentent à ce moment de l’année. Est-ce qu’un homme qui aime les hommes en est moins un? Est-ce que parce qu’il a une préférence sexuelle différente de la norme imposée -qui n’a pas lieu d’être soit dit en passant- par la société, il n’est pas un « vrai » homme?
Savez-vous qu’en utilisant des mots comme « fif » ou « tapette » pour caractériser un joueur que vous aimez moins, peut avoir plus de répercussions que vous pensez? Peut-être que ce joueur en question est homosexuel et que vous ne le savez simplement pas. Et puis au final, qu’est-ce que cela changerait dans votre vie? Rien. Il aime les hommes comme vous aimez les femmes. C’est tout.
Et si Brandon Prust, Sidney Crosby, Alexander Ovechkin, John Tavares, Patrick Sharp ou une autre grande vedette de la LNH était gai, est-ce que cela changerait le talent qu’il possède? Et votre vision elle, changerait-elle?
En 2013, nous ne devrions plus en faire tout un plat. Une bonne portion du monde qui vous entoure est homosexuelle. Vous en croisez tous les jours sans le savoir, dans un resto, dans le métro, dans votre ligue de hockey. Partout. Est-ce que vous voyez une différence? Non.
If you can play, You can play
Le hockey a défait la barrière raciale lorsque Willie O’ree fut le premier joueur noir dans toute l’histoire de la LNH, et enfilé ses patins avec les Bruins de Boston en 1958. La Ligue nationale de hockey doit maintenant briser celle de l’homosexualité.
Elle a déjà fait un pas dans la bonne direction avec la campagne You Can Play. Cette campagne vise à assurer l’égalité, le respect et la sécurité pour tous les athlètes peu importe leur orientation sexuelle. Cette campagne existe en grande partie grâce à la famille Burke. Brendan Burke, fils de Brian Burke, ancien directeur général des Maple Leafs de Toronto, était homosexuel. Il a fait grandement avancer la cause lorsqu’il a annoncé ceci de façon publique en 2009, lorsqu’il était directeur d’une équipe de hockey collégiale. Il est malheureusement décédé dans un accident de voiture en 2010.
Depuis, Patrick Burke (Boston), frère de Brendan et recruteur pour les Flyers de Philadelphie, avec Brian Kitts (Denver) et Glenn Witman (Denver), gèrent d’une main de chef cette mission à laquelle un grand nombre de personnes s’est greffé, dont un groupe important de joueurs toujours actifs dans la LNH dont Henrik Lundqvist, Brooks Orpik, Cal Clutterbuck, Claude Giroux, Daniel Alfredsson et Joffrey Lupul.
En 2013, la Ligue nationale de hockey doit briser cette barrière. Les jeunes doivent savoir que peu importe leur orientation sexuelle, ils peuvent y jouer. La mentalité de la ligue doit changer, mais la mentalité des partisans le doit aussi. Soyons le changement que nous désirons voir. Soyons nous, soyons humain.
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