L’affaire Mario Tremblay vs Patrick Roy – À qui le Blâme?
Écrit par Habsterix, AllHabs.net
PENTICTON, C-B. — Il y a déjà 16 ans, le Canadien de Montréal, avec Réjean Houle à la tête, échangeait le gardien étoile Patrick Roy à l’Avanlanche du Colorado en compagnie de Mike Keane. En retour, l’Avalanche envoyait le gardien Jocelyn Thibault ainsi que les attaquants Martin Rucinsky et Andrei Kovalenko. Cet échange est reconnu aujourd’hui comme un des plus grands vols de l’histoire de la Ligue Nationale de Hockey, et le bénéficiaire fût Pierre Lacroix, Directeur Général de l’Avalanche. Ils ont ensuite remporté deux Coupes Stanley alors que le Canadien avait toutes les peines à tenter de se qualifier pour les séries.
Revenons un peu en arrière. Après un début de saison difficile, le Président du Canadien Ronald Corey congédie le Directeur Général Serge Savard ainsi que l’entraîneur-chef Jacques Demers, sans pour autant avoir de remplacement pour eux. C’est l’assistant-entraîneur Jacques Laperrière qui est nommé entraîneur-chef par intérim et le 21 octobre 1995, après cinq défaites consécutives, Ronald Corey annonce la nomination de Réjean Houle à titre de Directeur Général et de Mario Tremblay dans le rôle d’entraîneur-chef… nominations surprenantes, puisque Houle et Tremblay n’avaient aucune expérience dans le domaine.
Ce n’est pas une situation facile entre Roy et Tremblay. Sous Demers, Roy était consulté sur plusieurs points et il avait toute la place dans le vestiaire. Tremblay, si vous avez connu le joueur et l’homme, possède exactement le même caractère et il a comme mission de redresser l’équipe, qui connait un début de saison lamentable. Les deux hommes ne s’entendent pas du tout et c’est évident pour tous ceux qui côtoient l’équipe.
Le 2 décembre, les Red Wings de Détroit sont au Forum et ils se bâtissent une avance confortable de 5-1 après une période de jeu. Au grand étonnement de tous, c’est Roy qui est dans les buts pour commencer la deuxième période et il est vite évident que Tremblay passe un message: c’est lui le boss et c’est lui qui prend les décisions! Avec le pointage de 8-1 en deuxième, Roy fait un arrêt de routine et une partie de la foule l’applaudit, un geste de dérision stupide. À environ 12 minutes de cette période, Détroit marque un 9ième but et Tremblay décide enfin de retirer Roy du match. Ce dernier est furieux. Il enlève ses gants et marche devant Tremblay, les deux se regardant dans les yeux, sans échanger un mot. Roy revient devant Tremblay et va directement au siège de Ronald Corey, assit derrière le banc des joueurs et lui annonce qu’il a joué son dernier match dans l’uniforme du Canadien.
Dans toute cette histoire, la majorité des gens en ont toujours voulu à Mario Tremblay pour le départ de Patrick Roy et ils ont raison en grande partie. Par contre, j’aime toujours regarder les deux côtés d’une médaille. Combien de blâme doit prendre Jacques Demers d’avoir donné à Roy toute la latitude qu’il voulait? Oui, il a gagné une Coupe avec lui comme gardien mais est-ce vraiment ce dont Roy avait besoin? Avait-il vraiment toute cette latitude au Colorado, derrière les Sakic, Foote, Forsberg et Blake? J’en doute. Qui a agit sur un coup de tête et a demandé un échange devant les caméras et partisans de l’équipe, de la LNH? N’aurait-il pas été plus sage de s’en aller au vestiaire, de prendre sa douche et de se refroidir les esprits un peu, pour ensuite rencontrer monsieur Corey afin de discuter de la situation? Qui a laissé ses partisans? Ne partage-t-il pas au moins une partie du blâme pour ses propres actions?
Le point qui me frappe dans cette triste partie de l’histoire du Canadien, c’est la décision de Ronald Corey, qui a pris une décision hâtive en congédiant Serge Savard ET son entraîneur-chef Jacques Demers et ce, sans plan de rechange, au mois d’octobre! C’est aussi sur ses épaules que repose la décision de mettre un Directeur Général ainsi qu’un entraîneur-chef inexpérimentés dans une situation comme à Montréal. Savait-il à quoi s’attendre? Je n’ai aucun doute que Houle et Tremblay sont de très bonnes personnes et qu’ils connaissent leur hockey mais à Montréal, alors que le Canadien connait un mauvais début de saison, avec les médias et les partisans qui ont déjà les nerfs à fleur de peau? Vraiment?
À mon avis, oui, Mario Tremblay mérite sa part du blâme pour la façon dont il a traité Patrick Roy, mais il n’est certainement pas le seul à blâmer dans cette histoire. Une petite partie du blâme revient à monsieur Demers pour avoir chouchouté le beau Patrick. Une importante partie de ce blâme revient à celui qui a agit sur un coup de tête en vengeance à son entraîneur, ne pensant nullement à l’équipe ou aux partisans qui l’ont supporté depuis son arrivée dans la LNH. Mais la plus grande partie du blâme devrait être dirigée envers celui qui s’en est tiré bien facilement, celui qui a pris les décisions plaçant tout le monde dans une situation difficile: Ronald Corey.