Le Hockey est une Affaire : La Réalité des Canadiens
Par J.D. Lagrange, Rédacteur en Chef Adjoint, Le Magazine All Habs
Le hockey est une affaire. C’est un cliché, parfois surutilisé car nous le voyons et le lisons un peu partout mais si vous demandez aux gens impliqués, il s’agit d’une réalité bien pénible aujourd’hui. Il n’y a tout simplement pas de place pour les sentiments lorsqu’on parle de diriger une équipe et les Canadiens de Montréal et son directeur-gérant Marc Bergevin viennent de passer une entre-saison difficile dans cet aspect.
PENTICTON, C.-B. – Les équipes ayant à gérer le plafond salarial ainsi que d’essayer d’aligner une formation compétitive à chaque saison, les DG doivent être prudents en s’assurant d’obtenir le maximum pour leur argent. Oh il y a des erreurs commises et le désespoir peut prendre le dessus, surtout dans des marchés là où il est plus difficile d’attirer les gros noms, mais les meilleures équipes sont gérées par des personnes qui non seulement comprennent le hockey, mais des DG qui possèdent un certain sens d’affaires. Ils le doivent.
À Montréal, nous en avons eu un aperçu lorsque la rumeur envoyant Josh Gorges à Toronto est sortie… seulement pour être rejetée. Peu après, il était échangé aux Sabres de Buffalo contre un choix de repêchage. Comment un joueur qui a récemment signé une prolongation de contrat de six ans, un des leaders de l’équipe, un gars qui adore la ville, ses partisans, qui était toujours disponible pour répondre aux questions alors que certains se cachaient, peut-il être échangé?
Sans donner ses raisons, Marc Bergevin a simplement répondu : «Tu perds de bonnes personnes. Parfois tu prends des décisions qui ne sont pas populaires. Mais je ne suis pas ici pour être populaire; Je suis ici pour prendre des décisions.»
Bien sûr, Bergevin parlait aussi du fait qu’il a dû laisser partir son capitaine Brian Gionta, incapable d’égaler l’offre de ces mêmes Sabres. Il s’agit de deux leaders incontestés, mais lorsqu’on regarde le côté affaire, on voit aussi qu’on libère 8,9M$ sur la masse salariale. Peut-être plus important est le fait que les 3,9M$ de Gorges pour plusieurs saisons est aussi disparu.
Si vous croyez une seconde que Bergevin ne savait pas l’impact de ces deux vétérans avaient dans le vestiaire et sur glace, vous vous trompez. Certains partisans sous-évaluaient souvent l’importance de Gionta mais la direction le savait. La direction savait aussi que Josh Gorges était le meilleur ami de Carey Price et qu’ils sont voisins à Kelowna, en C.-B. Il s’agit de l’aspect humain qui est souvent oublié par les partisans.
Plus récemment, Bergevin et ses acolytes ont pris deux autres décisions difficiles. Préférant un tournant de jeunesse, ils ont laissé aller Francis Bouillon, un joueur qui était non seulement respecté dans le vestiaire, mais dont la direction aimait aussi comme personne. Bouillon lui-même a raconté aux médias que la rencontre fût pleine d’émotions, et je ne crois pas que ce ne soit que lui. Mais encore une fois, malgré les émotions, Bouillon n’avait que de bons mots pour Michel Therrien et Marc Bergevin. «Cette organisation m’a traité avec respect et avec classe jusqu’à la fin, jusqu’à maintenant.»
Il semble qu’un vent de jeunesse a soufflé sur le Canadien alors que Bergevin a aussi échangé Peter Budaj aux Jets de Winnipeg, un gars qui est très apprécié dans le vestiaire par ses coéquipiers. Selon son agent, Budaj a demandé un échange après les séries éliminatoires, n’appréciant vraisemblablement pas de voir le jeune Dustin Tokarski être choisi pour remplacer Carey Price lorsque celui-ci s’est blessé. Pourtant, Budaj n’a rien laissé paraître sur le banc, en pratique, avec ses coéquipiers. Un vrai pro.
Carey Price avait ceci à dire sur le fait de perdre quelques-uns de ses bons amis sur l’équipe : «Tout le monde dit que ça fait partie des affaires, mais c’est une partie difficile. Les derniers six mois ont été difficiles, j’ai perdu trois de mes bons amis – en fait, quatre – et ce n’est pas une partie de plaisir. Mais du même coup, tu as la direction prenant les décisions pour améliorer l’équipe. Ce n’est pas à nous de juger juste parce que tu es ami avec un joueur.»
Et maintenant, plusieurs semblent croire que Bergevin n’ait pas fini de bouger et le nom de Travis Moen revient souvent dans les rumeurs. N’oublions pas que lorsqu’on a demandé à Brian Gionta qui serait le meilleur candidat pour le remplacer comme capitaine, il avait dit Moen car il en est un autre bien respecté dans le vestiaire.
Cette situation n’est pas sans soulever quelques inquiétudes… Perdre Gorges et Gionta est un dur coup sur le leadership de l’équipe quoique Bergevin a expliqué qu’il y a de jeunes leaders qui commencent à prendre plus de place dans le vestiaire, mentionnant Price, Max Pacioretty et P.K. Subban. Mais de perdre Bouillon et Budaj, et peut-être Moen aussi, il faut se demander combien de leadership une équipe peut se permettre de perdre avant d’en souffrir les conséquences dans le vestiaire… surtout dans une équipe sans capitaine, et avec deux jeunes loups (Pacioretty et Subban) qui tenteront de montrer à la direction qu’ils ont ce qu’il faut pour porter le «C» sur leur chandail dès la saison prochaine.
Mais ne doutez jamais une chose : Bergevin est un homme qui se souci de ses joueurs et nous l’avons entendu de plusieurs sources depuis son arrivé à Montréal. Toutefois, il sait reconnaitre quand les décisions hockey ou affaires doivent passer avant ses sentiments personnels et c’est une chose qui devrait rassurer les partisans. «Je ne gère pas un camp pour garçons ici, mais ça ne veut pas dire que c’est facile.»
En terminant, j’ai lu plusieurs gens qui disent ne pas comprendre l’échange de Budaj. Le Canadien a échangé deux contrats et en a reçu un seul en retour. En gérant une équipe de hockey, un DG sait qu’il a un maximum de 50 contrats professionnels à sa disposition. Libérer un contrat permettra de signer un autre jeune espoir et/ou d’échanger pour un joueur contre un choix. Encore un autre exemple que le hockey est devenu une affaire.
Go Habs Go!!!