Le hockey sans réseaux sociaux
par Alexandra Philibert, Chroniqueuse, Le Magazine All Habs
MONTRÉAL, QC — Se débrancher d’internet durant 24 heures? Pff de la petite bière. Et pourquoi pas un gros 48 heures sans internet, ni réseaux sociaux, ni application sur notre téléphone intelligent? Deal. Deux parties consécutives du Canadien de Montréal au programme? Pas de problème, j’aime les défis.
Facebook, Twitter, RDS mobile et compagnie ont cessé de fonctionner à 22h00 le vendredi 8 mars. Toutes les informations relatives au match concernant les alignements sont venues à moi quelques minutes seulement avant le début par les analystes. Gabriel Dumont sur le quatrième trio contre Tampa Bay? COOOLLL. Peter Budaj devant le filet en Floride? Logique, il s’agit d’un deuxième match en deux soirs.
Une seule et unique chose captait alors mon attention, le match. Au lieu de tweeter sur un beau jeu ou encore de chialer contre une erreur monumentale d’un joueur, je me suis exclamée dans mon salon, parlant à la télé certaine que ce blabla allait changer quelque chose. Le pointage a un énorme impact sur ma capacité de concentration, à quelques reprises j’ai cherché quelque chose à faire. Par contre, j’ai vite trouvé.
Au lieu d’aller lire, d’écrire ou de simplement flâner sur une page web, je me suis mise à analyser ce qui ne tournait pas rond. Quelle passe aurait dû être faite? Quel joueur était mal placé sur la séquence? J’analysais de fond en comble les jeux, les décisions des arbitres, seule dans mon salon. Simple comme ça, mon regard sur la partie est devenu plus profond qu’à l’habitude.
Non pas que je ne regardais le hockey que d’un seul œil, mais il m’était facile d’aller discuter d’un seul point sur les réseaux sociaux plutôt que de me pencher sur le contexte complet. J’ai réalisé qu’à l’instar du Canadien de Montréal, lorsque j’ai accès aux réseaux sociaux, je ne performe qu’une période ou deux à plein régime. Le reste du temps, je prends une pause, je me divertis et mets ma concentration en priorité sur mes échanges sur la toile plutôt que sur la joute.
Est-ce mal? Non. Pas du tout. Sauf que je perds des notions ou des petites fractions de seconde qui sont importantes à la compréhension de certaines situations. Les réseaux sociaux n’altèrent pas mon analyse, mais la façonne d’une autre manière. C’est l’idée préconçue que de rester devant sa télé sans rien faire d’autre qu’écouter est une perte de temps.
On ne constate pas l’ampleur des réseaux sociaux et de cette technologie sur notre vie tant que nous n’en sommes pas privés. La dynamique avec et sans est complètement différente. Au même titre que lorsque l’on écoute la partie à la radio. Quelques instants, je me suis revue un peu plus jeune, à l’époque où je n’avais accès qu’à une connexion 56k, pas de cellulaire, pas de Twitter ni de Facebook, où je pouvais passer la totalité du match incluant les entractes scotchée à ma télé.
Un moment de nostalgie s’est imposé à moi. J’en suis venue à me dire que je m’ennuyais de cette époque, où faire une chose à la fois était assez. Où un simple match du Canadien me suffisait et où je ne cherchais pas à en discuter à tout prix. J’ai compris aussi que l’internet me permet d’assouvir une soif de connaissance au niveau sportif que j’avais déjà à l’époque, mais qui est toujours omniprésente.
Quarante-huit heures sans accès à internet. Quarante-huit heures à me retrouver avec la partisane en moi. Deux jours où j’ai pu me concentrer sur le jeu, et rien que le jeu. Je ne suis pas prête à faire une croix sur Twitter et Facebook, cette communauté avec qui je partage des conversations plus plaisantes les unes que les autres, mais croyez-moi, je ne m’empêcherais plus de laisser mon ordinateur et mon cellulaire quelque part dans la maison ou dans une poche sans y prêter attention. Je ne me soustrairai plus au bonheur que me procure la fusion de mon esprit avec le hockey.
Quarante-huit heures sans internet ni applications, deal. Deux jours avec deux matchs du Canadien au programme sans internet? Ça peut se faire…mais pas trop souvent, quoique la procrastination a pris le bord et que je vous ai pondu de belles affaires.