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Les Saints-Martyrs-Canadiens

By on décembre 22, 2011 in En Vedette with 3 Comments

 

L’église des Saints-Martyrs-Canadiens à Québec, construite en 1928. Malgré le fait que l’auteure a vécu  à proximité de celle-ci pendant quelques années, elle n’y est jamais allée pour y manifester sa foi. Toutefois, elle s’y est déjà rendue à au moins deux occasions y exprimer sa voix, lors de la tenue d’élections fédérale et municipale. On y offrira encore cette année la traditionnelle messe de minuit de Noël,  «pour renouer avec la tradition mais surtout avec le sens premier» selon le diocèse. – Photo: Sonia Godin www.leseglisesdemonquartier.com

 

 

 

 

 

par Lyse, AllHabs.net

QUÉBEC, QC — Ouf! Ce n’est déjà pas facile d’être partisan du CH quand l’équipe déçoit sur la feuille de pointage ou au classement de la LNH. Mais surtout lorsqu’on le sert, arrosé à toutes les sauces comme c’est le cas présentement.

 

Parce que cette équipe de hockey a toute une histoire. Un héritage intimement lié aux faits et aux destinées d’une nation, d’un peuple fier, trop longtemps réprimé, mais qui a su tant bien que mal se tenir – du moins jusqu’ici… En même temps, cette histoire est brodée de fleurons, disons-le, glorieux. Je me garderai bien de relever, comme on l’a fait déjà, des faits historiques pour appuyer ou infirmer certains arguments. Il semble que ces faits, à l’instar des statistiques, peuvent faire dire n’importe quoi aux révisionnistes.

 

Avec ce bagage bien pesant, on peine à dissocier tous ces éléments qui rendent si spécial le statut cette franchise. Elle est la doyenne de la bande à Gary, l’une des six originales, la championne d’entre toutes en termes de couronnements avec ses légendaires dynasties, etc. Aussi, cette Flannelle est ni plus ni moins le tissu patriotique révélant, telle une épopée, des héros et des modèles destinés à inspirer une société soucieuse d’établir sa propre identité envers et contre toute forme d’assimilation, réelle ou imaginée.

 

On en a fait une religion. On en a fait une marque de commerce. Mais ces deux notions sont-elles vraiment compatibles?

 

« Les Habitants » ont beau avoir cette étymologie folklorique, tantôt péjorative, tantôt autodérisoire, souvent caricaturale – comme l’épithète « grenouilles » – la référence au David qui en vient à bout du Goliath a une résonance bien justifiée à l’esprit de plusieurs. Ça se transpose souvent dans nombre de débats, dont le « Pralak » d’il y a quelques saisons à peine. On prend parti pour les négligés. Les héros dits obscurs, ceux qui en ont arraché avant de connaître la réussite – et la notoriété qui vient avec – sont d’autant plus vénérés que ceux qui l’ont eue facile. Ce culte de la victime ne s’apparente-t-il pas à cette idéalisation du martyr dénoncée chez (d’autres) intégristes?

 

 

Qu’un groupe de la population s’associe à une équipe sportive sans même en être partisan, il n’y a rien de plus naturel. Enfin, ça l’est pour l’auteure de ce texte. Je ne suis pas forcément une fervente de football, mais si les Alouettes jouent, je suis portée à les encourager. Toutefois, si la marque de commerce de cette même équipe sportive est la plus reconnue d’entre toutes, il est d’autant plus facile de s’en servir à toutes les sauces.

 

Et c’est exactement ce qui se trame tout autour depuis l’embauche de Randy Cunneyworth. Un ami blogueur (@renartleveille) qui, de sa propre admission n’est pas amateur de hockey, l’a bien cerné : Cunneyworth n’est qu’un prétexte. Ce à quoi j’ai répondu :

 


En ce qui me concerne, je suis à la fois partisane des Canadiens et ardente défenderesse de ma langue maternelle. Souvent passionnée. Dans un tel contexte, il est d’autant plus ardu de se scinder en deux. Dans un cas comme dans l’autre, l’exagération des réactions observées dans tous les champs et dans tous les camps n’en finit plus de m’irriter.

 

À la passion s’oppose la raison (et vice versa). Comme dans toute chose, la modération a bien meilleur goût.

 

Un homme que je respecte, un héros sportif et politicien notoire l’avait écrit en 19821 :

 

À l’avenir, le Canadien devra décider s’il veut gagner ou être français.

 

Cette phrase n’est pas anodine. Si ces deux concepts ne sont pas mutuellement exclusifs en soi, la dichotomie est rendue nécessaire : il est impossible de remplir pleinement les deux obligations dans le sens où un bien culturel peut difficilement être une entreprise lucrative profitable.

 

Bien sûr, comme pour toute autre entreprise commerciale qui se veut rentable, le Canadien se doit d’être à l’écoute de sa clientèle. Il en dépendra ultimement sa viabilité économique. Cette clientèle veut la victoire. Cette clientèle est en large partie francophone. En ce sens, l’organisation a sûrement commis de faux pas. Même si on fait abstraction de la mobilisation pour ces manifestations que l’on dénonce, elle payera le prix de ses gaffes, que celles-ci soient commises au niveau de la gestion hockey ou par sa manipulation des cordes sensibles du public cible. C’est la loi du libre marché.

 

Si vous ne l’avez pas encore deviné, je campe du côté du sport. Et ma collègue Chantal a bien exprimé ma position relative à cette affaire dont on ne cesse d’en découdre.

 

Aux yeux de certains, j’ai peut-être vendu mon âme au diable, ou encore aux Philistins du Temple, à force de continuer à encourager l’équipe de mon enfance même si elle n’est plus l’équipe de mon père. À ceux-là je répondrai qu’il est peut-être le temps de sortir les saints de l’église et de cesser de jouer aux martyrs.

 

Le peuple aura toujours ses idoles, mais de grâce, peut-on en finir avec cette idolâtrie mal placée?

 

Go Habs Go

Halte là, halte là, halte là…

 

 

 PS

À ceux qui s’époumonent à décrier les méthodes des indignés : vous avez droit à votre opinion et eux à la leur. Attaquez leur idéologie et vous ne faites que donner raison à ceux-ci qui prétendent être laissés pour compte, voire incompris.

À tous, peu importe le camp choisi : essayez de comprendre les points de vue, mais s’il vous plaît, ne tombez pas dans le piège de l’attaque gratuite et du sophisme, ça ne contribue en rien au débat.

_____________

Le match, Ken Dryden, Éditions AdA, 2008.

 

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There Are 3 Brilliant Comments

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  1. SimonServant dit :

    Excellent texte et je crois que tu aimerais peut-être ma plainte au Mouvement Québec français. Va voir sur ce site, tu y verras le titre et pourra la lire. http://www.facebook.com/events/340212335994690/

  2. Fanalyste dit :

    Analyse intéressante, Lyse. Cependant, Ken Dryden est à côté de la plaque en opposant si radicalement la victoire et le français. C’est comme s’il disait carrément que le français est une langue de perdants.
    Pendant des années, les Glorieux comptaient sur des anglophones, des francophones, des Européens et des Américains, et plusieurs étaient bilingues. De plus, le Canadien à exploité pendant des années, sans gêne, la fierté francophone pour remplir ses coffres (pensons à Ray Lalonde).
    Il y a plusieurs moyens de bâtir une équipe francophile victorieuse sans en faire un club sélect pour francophones seulement. Tout est dans la mesure et les moyens : dépistage intensif dans les zones francophones du Canada, cours de français aux espoirs à Hamilton, cours de français aux joueurs francophiles à Montréal. (Et pourquoi pas, cours d’anglais aux espoirs européens à Hamilton, pour qu’ils n’arrivent pas à Montréal avec un anglais insuffisant comme c’est déjà arrivé.)
    Cette solution est possible : c’était en grande partie la recette employée sous Serge Savard… et deux Coupes Stanley ont été gagnées sous son règne! Comme quoi, quand on s’en donne les moyens…

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