Lock-out: Pour le bien de la ligue ou gains personnels?
Par Joce, Rédacteur Principal, Le Magazine All Habs
Alors que la LNH et l’AJLNH jouent au jeu de la poule mouillée, pédale au plancher dans une collision pour voir qui flanchera le premier, partisans, entreprises et employés à modestes revenus de ces équipes sont les passagers à risque. Pire, ils sont dans une position dans laquelle ils ne veulent pas être tout en cherchant quelqu’un qui ne se fiche pas d’eux. Mais qui ne s’en fiche pas?
Penticton, C.-B. — D’un côté nous avons les joueurs qui gagnent des millions et qui, dans l’oeil de la classe moyenne et avec des investissements responsables, devraient pouvoir survivre pour le restant de leurs jours après seulement quelques saisons. En 2004, lorsqu’ils ont perdu une saison entière de salaire et voyant la carrière de plusieurs prendre fin de façon dramatique, ce groupe a cédé à l’idée pour laquelle ils ne voulaient rien savoir : un plafond salarial. Mais encore, il y avait des concessions dans les négociations et ce, des deux côtés, les propriétaires concédant l’autonomie de 31 ans à 27 ans et le partage des revenus hockey. En retour, les joueurs ont accepté d’autres concessions tels les contrats pour les recrues. Il s’agissait de donner et de recevoir.
De l’autre côté, vous avez un système avec des défauts. Je grimace lorsque j’entends les gens dire que Gary Bettman représente « les propriétaires ». Le commissaire doit avoir des informations compromettantes sur plusieurs propriétaires de la LNH car je ne vois pas comment ils auraient volontairement consenti une clause dans son dernier contrat disant qu’il n’a besoin que de huit des trente propriétaires dans son coin pour faire ce qu’il veut. En vérité, Bettman représente un minimum de huit propriétaires dans ces négociations… plutôt sept car la LNH est propriétaire des Coyotes de Phoenix!
Voyant la fameuse tarte grandir à 3,3 milliards de dollars, les propriétaires en veulent maintenant un plus gros morceau. Lorsqu’ils ont accepté la dernière convention collective, ils ne s’attendaient jamais à ce que le dollar canadien demeure aussi fort pour aussi longtemps. Vu que la majorité des revenus de la ligue proviennent du Canada, la ligue (et les joueurs) en ont pleinement bénéficié et ce, malgré des décisions douteuses tels que de garder les Coyotes à Phœnix sans propriétaire, malgré le fait qu’ils perdent des millions par année. Pire, la ligue tente de forcer la vente à un gars qui n’est pas capable de ramasser les fonds nécessaires pour l’acheter. Que fera Greg Jamison lorsqu’il perdra de l’argent pour une couple d’années? C’est un désastre en attente qu’il se produise mais la ligue ne semble pas le voir.
Alors que le temps passe dans ces négociations et que la possibilité d’avoir une saison diminue, on entend de plus en plus de joueurs exprimer leur frustration, leur mécontentement et leurs commentaires sont dirigés envers Gary Bettman. Ian White est probablement allé trop loin en qualifiant le commissaire d’idiot, commentaire qui aurait dû être gardé hors de l’avenue publique. Malgré tout, White a dit haut et fort exactement ce que plusieurs personnes pensent ou disent à chaque jour. Est-ce que Bettman est un idiot? J’en doute fort. Au contraire, il est probablement très intelligent. Mais cela ne veut pas dire pour autant que ce qu’il fait à la ligue qu’il gouverne est intelligent et que du point de vue des joueurs et des partisans, qu’il n’agit pas comme un idiot.
Le rôle de commissaire de la ligue ne devrait-il pas être de s’assurer la croissance de son produit, de faire tout en son pouvoir d’agir pour son bien et non pour satisfaire son égo et pour plaire à quelques propriétaires, aussi influents et puissants soient-ils? Son rôle ne devrait-il pas être de s’assurer que les gens qu’il sert, les partisans et les commanditaires, soient moyennement satisfaits? Est-ce que la meilleure (et la seule) façon de négocier chaque convention collective est d’arrêter les activités, trois fois sous son règne dont deux fois en huit ans, la dernière fois perdant une saison entière? Les autres ligues professionnelles semblent comprendre l’impact négatif d’un arrêt de travail et l’effet sur leur produit, alors pourquoi Gary Bettman ne le voit-il pas? Est-ce le moindrement possible que ce soit parce qu’il se fout un peu du sport qu’il dirige? Bettman a récemment suggéré de prendre une pause de deux semaines. Qu’est-ce que ça va résoudre, Gary, à part de s’approcher d’une autre saison cancéllée? Est-ce le but?
Je ne comprends pas comment quiconque puisse supporter les propriétaires dans ce conflit. En 2004, un plafond salarial était nécessaire afin de créer une parité, de protéger les propriétaires contre… eux-mêmes! Les partisans comprenaient que c’était nécessaire pour le bien du futur économique du sport. Ils ont raté leur coup. Mais au moins, il s’agissait de donner et de recevoir entre les deux parties. Dans la dernière offre de la LNH publiée sur leur site web, chacun des points était d’enlever des acquis aux joueurs. Pourtant, alors que la LNH ne va pas aussi loin que de traiter les partisans d’idiots, leurs commentaires et leurs actions pointent en ce sens. Lorsque Gary Bettman a dit que les joueurs n’étaient pas informés par Fehr, y a-t-il une seule personne qui l’a cru? Ça lui est retombé au visage! Combien de propriétaires sont au courant des négociations, combien peuvent y participer, Gary? Et maintenant les derniers commentaires de Bill Daly sur la suggestion de la ligue de ne pas négocier pour deux semaines : « Nous avons fait plusieurs gestes vers les joueurs avec aucune réciprocité. Malheureusement, nous avons déterminé que nous avons affaire avec une Union qui n’a aucun intérêt réel d’en arriver à une entente. Peu importe ce que nous suggérons ou comment on propose de faire des compromis, la réponse est non. À un moment donné il faut dire assez c’est assez ». Alors Bill, quelles concessions est-ce que la ligue a fait au juste, ou fais-tu référence aux concessions comparativement à l’offre originale de la LNH, qui était ridicule en partant? Est-ce que quelqu’un a déjà pensé au risque que les partisans et les commanditaires pourraient aussi dire, assez c’est assez?
Alors que quelques-uns peuvent croire l’histoire de la LNH, la majorité des partisans et des joueurs voient à travers le jeu de Gary Bettman cette fois-ci et de là vient la frustration. Les partisans sont revenus la dernière fois. Ça ne veut pas dire pour autant qu’ils reviendront cette fois-ci car il s’agit de gens avec des sentiments et des émotions, pas du bétail. Les partisans sont plus éduqués cette fois et la plupart connaissent la différence entre les faits et les mythes de la convention collective. C’est mon avis que le commissaire porte le mauvais chapeau dans ces négociations en représentant quelques propriétaires, et qu’il crée des dommages qui pourraient être encore présents longtemps après qu’il soit parti. Mais qui s’en fiche?
Quelle est la solution? Pourquoi ne pas nommer un commissaire qui garderait les intérêts du sport, s’occupant des opérations hockey, de la croissance du sport, des contrats de télévision, de l’expansion, relocalisation, des opérations journalières? Une personne qui, voyant que les discussions ne vont nulle part et que les dommages pourraient être sérieux, suggèrerait une médiateur, car le rôle du commissaire serait de s’assurer le bien du sport et de la ligue. Et si les propriétaires le veulent, ils pourraient garder Gary Bettman pour les représenter à la table des négociations, au même niveau que Donald Fehr le fait avec les joueurs. Rêve ou réalité?
Entre temps, une nouvelle provenant de Philadelphie est sortie à l’effet qu’Ed Snider pourrait vouloir une résolution au conflit bientôt. Snider est le visage des Flyers mais le propriétaire majoritaire est Comcast, qui est aussi propriétaire du réseau NBC, qui a investi 200 millions de dollar cette saison dans la LNH. Si NBC met de la pression, les négociations pourraient devenir intéressantes et vous pouvez être assurés que les joueurs, avec Donald Fehr en tête, gardent un œil attentif à cette situation.