Que fera Marc Bergevin?
Par Joce, Rédacteur Principal, Le Magazine All Habs
« Ne soyez jamais satisfaits tant que vous n’atteindrez pas votre but. L’année prochaine sera difficile, les attentes seront plus hautes et c’est ainsi que ce devrait l’être. » ~ Marc Bergevin
PENTICTON, C.-B. – La journée même durant laquelle la LNH annonçait sa nomination parmi les trois finalistes pour le DG de l’année avec Bob Murray d’Anaheim et Ray Shero de Pittsburgh, Marc Bergevin répondait aux questions des journalistes à Montréal. « Il fallait que je devienne DG pour recevoir une nomination pour quelque chose, je n’ai jamais rien reçu en tant que joueur», disait Bergevin avec un sourire. Bien que certains soient surpris de sa nomination, de prendre une équipe qui a terminée 28e il y a un an pour se retrouver 4e dans la LNH est un atout que toutes les équipes aimeraient voir leur DG posséder, c’est certain.
Connaître ses limites et ce que tu peux accomplir par toi-même est un art et Bergevin le maîtrise. Il s’est entouré de bons hommes de hockey, l’aidant à prendre les décisions nécessaires dans tous les aspects d’une organisation de hockey. Grand croyant à bâtir une équipe par le repêchage, il a su reconnaître les compétences du travail de son Directeur de Recrutement Amateur Trevor Timmins et il lui a donné la liberté pour faire son travail.
Bergevin a vite compris que son équipe, afin de s’améliorer, manquait de caractère et de personnes de qualité dans le vestiaire afin d’aider le capitaine Brian Gionta et le leader Josh Gorges. Il a ainsi signé Brandon Prust à long terme, et il a donné des contrats d’un an à Francis Bouillon et à Colby Armstrong.
Être un bon DG c’est aussi d’être capable de convaincre ses patrons de prendre les décisions difficiles et aucune n’est plus difficile que de convaincre Geoff Molson de payer Scott Gomez ses 5,5M$ (7,4M$ sur le cap) et de l’envoyer à la maison, et de racheter son contrat. Voulant prendre avantage de la clause d’amnistie de la LNH, il a aussi refusé de laisser jouer le vétéran défenseur Tomas Kaberle (4,25M$ sur le cap) afin d’éviter qu’il se blesse sérieusement.
Une des situations les plus difficiles pour Bergevin en tant que nouveau DG fût probablement les négociations de contrat avec le défenseur P.K. Subban et son agent Don Meehan, un excellent négociateur. Bien qu’il soit difficile de s’entendre qui avait raison ou non, Bergevin a finalement obtenu ce qu’il voulait, soit un contrat à court terme, qui est un vrai vol pour cette saison et la saison prochaine, en le signant pour deux ans, surtout en sachant que le plafond salarial sera à la baisse en 2013-14. De plus, Bergevin savait que le contrat d’Andrei Markov sera terminé en temps pour le prochain contrat de Subban, permettant de libérer des sous.
Le DG des Canadiens a aussi réussi à se libérer du contrat à long terme d’Erik Cole en le passant aux Stars de Dallas, recevant en retour le futur agent libre Michael Ryder et un choix au repêchage, un geste qui donne de l’espace sous le plafond pour les années à venir. De plus, à la date limite des échanges, Bergevin a résisté à la tentation et à la pression de trop payer pour un joueur de location, refusant de sacrifier le futur pour de l’aide à court terme. « Je n’échangerai jamais un de nos jeunes espoirs pour un gars qui ne sera que de passage ici», a-t-il dit. «Tu n’apportes pas ta profondeur à la date limite, tu l’apportes par le repêchage. Je veux rendre cette équipe compétitive pour les années à venir.»
Et quoi maintenant?
Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il recherche afin d’améliorer son équipe cet été, Bergevin a été clair : «Je crois en un équilibre. Nous avons une petite équipe, une équipe rapide. Ça prend du temps pour changer une équipe. Il y a 29 autres équipes qui veulent être grosses et rapides. La différence est dans le caractère. C’est mon devoir d’apporter cet équilibre à mon équipe.»
KABERLE : Bergevin rachètera vraisemblablement le contrat de Tomas Kaberle. Lors de sa conférence de presse de fin d’année, il a dit qu’il tentera à nouveau de l’échanger, pensant que ce sera peut-être possible dû au fait qu’il ne reste qu’une année à son contrat, mais s’il ne peut le faire, le rachat est une option. Personne n’a posé la question sur Yannick Weber, un autre défenseur qui n’a pas vu beaucoup d’action cette saison, et qui sera agent libre avec compensation cet été.
AGENTS LIBRES 5 JUILLET : Depuis sa promotion au titre de DG du Canadien, Marc Bergevin a été constant dans ses propos lorsqu’il parle de bâtir son équipe. Il croit à bâtir pour maintenant, mais aussi pour le futur. «Tu ne bâtis pas une équipe championne par le marché des agents libres», répète-t-il. Il regardera qui est disponible et il n’y a aucun doute qu’il fera des offres aux joueurs qui selon lui pourraient aider son équipe, mais pas à n’importe quel prix.
ÉCHANGES : Une façon d’accélérer le processus d’améliorer l’équipe est par voie d’échange. Pas le genre qu’on lit sur les sites de rumeurs où on se débarrasse de nos déchets pour obtenir l’or des autres équipes, et Bergevin a été clair là-dessus. «Si tu veux obtenir quelque chose de bon dans un échange, tu dois donner quelque chose de bon en retour», dit-il. «Tu ne peux créer des trous dans ton alignement pour en boucher d’autres. C’est de plus en plus difficile de compléter des échanges dans la LNH.» En voyant l’état de santé de Brandon Prust, voyant à quel point son équipe s’est fait brasser par les Sénateurs en séries, il n’y a aucun doute que Bergevin tentera d’ajouter du poids à une des plus petites équipes de la LNH. Mais il avertit que ce n’est pas évident : «Il y a 29 autres équipes qui recherchent ce genre de joueurs et ils ne poussent pas dans les arbres. Nous regarderons par voie d’échange, mais je ne donnerai pas de jeunes joueurs pour de l’aide à court terme.»
REPÊCHAGE ET JEUNESSE : À écouter la conférence de presse de Bergevin, il était évident qu’il est bien fier de la progression des jeunes joueurs de l’équipe et il a souvent pointé du doigt le candidat au trophée Calder, Brendan Gallagher. Il ne fait aucun doute qu’il veut bâtir cette équipe autour des jeunes, de bons choix au repêchage, s’assurant leur bon développement. La question la plus pertinente fût possiblement celle sur le travail de Sylvain Lefebvre avec les Bulldogs d’Hamilton, le club-école du Canadien. «Nous avions une des équipes les plus jeunes de la LAH. Je ne voulais pas aller chercher un tas de vétérans et asseoir nos jeunes joueurs.» Lorsqu’on lui a demandé s’il y aurait de la place pour d’autres jeunes la saison prochaine, Bergevin a été clair, disant qu’il leur ferait de la place s’il n’y en n’avait pas. «Je dis à ces jeunes de me forcer la main pour que je leur fasse de la place.»
En une seule saison écourtée, Bergevin a changé la culture dans cette équipe et il serait difficile de dire que ça n’a rien changé. Entre lui et l’entraîneur-chef Michel Therrien, ils ont ramené le concept d’équipe et de responsabilité pour les actions des joueurs, et Bergevin a un message clair pour quiconque veut l’entendre : «Les gars qui ont leur propre agenda ne feront pas partie de cette équipe, et ça ne changera pas.»
Pour la première fois en plus de 15 ans, je suis confiant dans la direction de cette équipe et j’ai une confiance complète en l’homme qui la dirige et qui prend les décisions ultimes. Bien que peu surpris, je suis déçu de lire le pessimisme constant de certains membres des médias et de quelques partisans qui, semble-t-il, ont oublié que Rome ne s’est pas construite en une journée et que ça prend du temps de bâtir une équipe championne. Go Habs Go!