Theoren Fleury: La décision t’appartient
par Alexandra Philibert, Chroniqueuse, Le Magazine All Habs
MONTRÉAL, QC — Adulés pendant de nombreuses années, élevés au rang de star, qu’arrive-t-il aux joueurs de la Ligue Nationale de Hockey lorsque les projecteurs s’éteignent et qu’ils ont usé leur rêve jusqu’au bout? « C’est un moment très difficile, où tu dois trouver ce que tu veux faire du reste de ta vie. » a déclaré Theoren Fleury, ancien joueur des Flames de Calgary, lorsque questionné sur la transition entre la vie de hockeyeur et la vie « normale ».
Au cours de sa carrière, l’Albertain s’est battu longuement contre sa dépendance à la drogue et l’alcool. À deux occasions, il a été suspendu pour avoir violé le programme d’abus de substance de la Ligue Nationale de Hockey. Sobre depuis près de huit ans, le joueur a tenté en vain un retour avec les Flames de Calgary en 2009. « La tentative de retour était plus pour rétablir ma réputation, je ne voulais pas me retirer en tant que joueur suspendu. » De son propre aveu, l’âge y a été pour quelque chose « Quand tu passes 40 ans, tu ne te remets pas aussi rapidement qu’avant. C’est difficile de rester compétitif.»
Pour lui, faire le camp des Flames en 2009 a été un bonus, une sorte de rédemption. Sa décision a été facile à prendre « À la fin de la journée, quand je me suis assis avec ma famille, on s’est dit : ‘’c’était une super expérience et il est temps de passer à autre chose avec nos vies.’’ » En pourparlers pour écrire un livre autobiographique, certains ont proclamé haut et fort que cette tentative de retour n’était que pour des raisons financières. Il est le premier à reconnaître qu’il est passé par des temps difficiles au cours de sa carrière, mais considère que « ceux qui disent des choses négatives sur ce qu’[il] fait sont probablement ceux qui ont le plus besoin d’aide. »
Theoren fait partie des chanceux en ce qui concerne la transition vers l’après-carrière. Les appels sont arrivés rapidement. Plusieurs le contactaient pour des discours de motivation et pour parler de son processus de guérison à la suite d’abus sexuel durant son enfance. « Cette carrière est arrivée naturellement et j’adore ça. C’est d’amener les gens à voir différemment leur vie. C’est devenu quelque chose de bien, un bel après-carrière. » Pour plusieurs, celle-ci est plus difficile. La raison est simple; à force d’être focalisé et motivé à devenir des joueurs de hockey «certains d’entre [eux], n’ont pas beaucoup d’éducation ni même de diplômes. Certains gravitent toujours dans le monde du hockey en devenant recruteurs, entraîneurs, analystes ou autres. »
De son propre aveu, l’Albertain croit que ce qui complique la transition est « l’incapacité de retrouver l’intensité de la compétition dans la vraie vie. » De grands questionnements existent autour de l’aide que la LNH offre à ses anciens joueurs durant cette période. L’ancien ailier droit croit que l’aide fournie par la ligue est suffisante, mais que c’est aux joueurs de se faire une vie après le hockey. Pour lui, dire que la NHL n’en fait pas assez est une excuse ridicule. « C’est à chacun de nous de se motiver, de s’éduquer ou de faire ce qu’il faut pour y arriver. C’est difficile au début, mais il y a une multitude d’opportunités si tu es prêt à faire ce qu’il faut. »
Il avoue aussi que la richesse en ressources naturelles de l’Alberta offre beaucoup d’emplois et de perspectives d’avenir pour les retraités de la province et qu’il peut en être différent ailleurs. Au final, est-ce que l’homme changerait quelque chose à sa carrière? « Non. J’ai eu une carrière extraordinaire malgré tout ce qui est arrivé dans ma vie. J’aurais aimé avoir un dollar pour toutes les fois où quelqu’un m’a dit que j’étais trop petit pour la ligue et que je n’y jouerais même pas un match, et vous savez quoi? J’en ai joué plus de 1000. »
Theoren Fleury ne changerait rien de sa vie, il considère que le hockey lui a permis d’avoir une voix encore forte aujourd’hui. « L’abus sexuel chez les enfants est une épidémie sur notre planète, il y a environ huit millions de survivants dans le monde. La première partie de ma vie, le hockey, m’a donné une voix forte et la possibilité d’aider ces gens et de leur donner l’opportunité de raconter leur histoire, de trouver leur propre voix et de commencer le processus de guérison. »
Aujourd’hui, il prend parole pour ces trop nombreuses victimes d’abus sexuels et tente de leur venir en aide par son expérience. Theoren n’a rien à envier, il vit entouré de sa famille à Calgary et possède un associé du tonnerre. Pour lui, l’après-carrière s’est bien déroulée et il est convaincu qu’il peut en être de même pour ses comparses qui ont la responsabilité de se faire une vie après le hockey, de faire ce qu’il faut pour trouver quoi faire du reste de leur vie.
Pour sensibilisé les gens sur l’abus sexuel chez les enfants (maltraitance inclus)