Transactions: Bergevin ne tombera pas dans le piège
par Simon Servant, Rédacteur, Le Magazine All Habs
ST-EUSTACHE, QC — Alors que nous sommes à une semaine de la date butoir des échanges dans la LNH, les Penguins de Pittsburgh ont parti le bal lors des derniers jours en mettant la main sur l’attaquant Brenden Morrow et le défenseur Douglas Murray.
Soyez assurés que la réponse viendra rapidement du côté des Bruins et des autres équipes de la conférence de l’est. Il n’y a pas de victoire donnée dans cette ligue et encore moins en séries éliminatoires.
Le débat est donc lancé chez les partisans du CH : est-ce que Marc Bergevin doit entrer dans la danse ou doit-il laisser passer la parade??
CH : De légitimes aspirants?
Il ne reste plus qu’un tiers des matchs à jouer dans cette saison écourtée et le Canadien en surprend plusieurs depuis le début de cette dernière. Il rivalise de belle façon contre ses rivaux immédiats au classement, mais est-ce que ce sera suffisant en séries éliminatoires? J’ai de petits doutes.
Bientôt – et si ce n’est pas déjà fait – le directeur-général du tricolore devra se trouver une chaise (sans mauvais jeu de mots). Il devra évaluer si son équipe va entrer en séries avec les joueurs présents, si elle nécessitera du muscle et plus de profondeur ou si elle est à un joueur vedette de pouvoir soulever la Coupe Stanley.
Selon moi, et je l’ai déjà mentionné dans un article précédent ici-même, le bleu-blanc-rouge n’est pas un légitime aspirant au Saint-Graal du hockey, mais ça ne veut pas automatiquement dire qu’il ne peut pas se faufiler jusqu’au bout. En séries, rien n’est joué et c’est peut-être un vieux cliché, mais c’est une toute nouvelle saison. Parlez-en aux Kings de Los Angeles et même à vous, partisans, qui avez vécu celles de 2010.
En se penchant sur l’organisation en tant que telle, on peut voir qu’elle est quand même bien nantie pour entrer dans la danse du printemps. Elle occupe le 5e rang de la LNH pour la fiche (45 points), la moyenne de buts marqués (3.0), la moyenne de buts alloués (2.38), le différentiel total des buts (+20) et pour la moyenne de lancers accordés par match (26.5). L’équipe est au 3e rang pour le différentiel des buts à forces égales (1.37), au 6e rang pour les lancers par match (31.1) et au 9e rang en ce qui concerne l’avantage numérique (20,9). Il n’y a aucune autre équipe de la LNH qui peut se vanter d’être dans le top 10 de toutes ces catégories.
Et avec un gardien de talent comme Carey Price, je crois qu’il ne faut vraiment écarter le CH de la course. Manque-t-il un gros morceau pour solidifier l’offensive? Absolument, mais est-il nécessaire? Je me questionne encore à ce sujet. Surtout au prix que ça peut coûter.
Une location piégée
Pendant que les rumeurs vont bon train, il ne faut pas perdre de vue le fait que la majorité – sinon la totalité – des gros noms qui seront transigés d’ici le 3 avril doivent être catégorisés du côté des locations. Avec le plafond salarial qui diminue dès la saison prochaine, ajouter un haut salarié à son équipe comporte ses avantages et ses inconvénients.
Présentement, il n’est pas faux de dire qu’il y a au moins sept ou huit équipes qui aspirent aux grands honneurs et ne vous inquiétez pas, elles le savent et se sont toutes enquises de joueurs comme Jarome Iginla ou Jaromir Jagr. Qu’on le veuille ou non, cette surenchère amène bien évidemment au surpaiement et c’est le piège que doit éviter Marc Bergevin.
Après une saison de misère l’an dernier, le Canadien a su rebondir et se placer dans une situation où il a remonté au classement sans que ça ne lui coûte rien. De plus, la formation montréalaise parlera six fois dans les trois premières rondes du prochain repêchage et Dieu sait qu’il n’est jamais mauvais de faire le plein de jeunes joueurs talentueux. Surtout quand ils grandissent dans un environnement gagnant comme la nouvelle direction cherche à faire.
C’est écrit dans le ciel, le prix pour un joueur comme Jarome Iginla sera très élevé. Probablement deux jeunes joueurs établis et un choix de première ronde. Personnellement, pour un joueur de location, je serais prêt à échanger un jeune attaquant et nos propres choix de deuxième ou de troisième tour, mais pas plus. Les résultats sont trop imprévisibles et ce n’est pas toujours gage de succès.
Si j’avais à effectuer une transaction, mon choix s’arrêterait sur Jaromir Jagr. Je le verrais bien avec la Sainte-Flanelle pour finir la saison et amorcer les séries. Lui et Tomas Plekanec ont une belle chimie. Il est assez âgé, à la fin de son contrat, ne reviendra probablement pas à Dallas et coûtera assurément moins cher. Sans oublier que Bergevin a subtilisé un choix de 3e tour à ceux-ci lorsqu’il leur a échangé Erik Cole. Un jeune joueur d’avant et un choix de 2e ronde, serait-ce suffisant?
Plan quinquennal version 2.0
Les glorieux avaient annoncé leurs couleurs lorsque Michael Ryder s’est amené il y a un mois. Un échange qui libérait de l’argent sur la masse et ne liait pas les mains pour les années futures puisque le contrat du numéro 73 se termine à la fin de la campagne, contrairement à celui de Cole.
Marc Bergevin vient de l’école des Blackhawks de Chicago et sait que c’est beaucoup de travail d’arriver au sommet, mais c’est encore plus difficile de le demeurer année après année et c’est pourquoi je pense qu’il ne dérougira pas de son plan à long terme. Certes, dans le moment présent, il est tentant de bouger puisque le tricolore a les éléments pour le faire, mais la porte ne se fermera pas si jamais il ne parvient pas à remporter la Coupe Stanley.
Pour une des rares fois depuis des lunes, le Canadien possède une relève très intéressante et une direction qui a une vision « moderne » afin de ne pas la gaspiller. Il possède une belle banque de choix de repêchage et un noyau de joueurs qui saura entourer quiconque s’intégrant à l’organisation.
Il n’y a qu’une Coupe pour 30 équipes. Un seul gagnant et 29 perdants et celui qui perd en finale n’est pas plus avancé que celui qui rate les séries. Le jeu en vaut-il la chandelle? Pour moi, c’est non.